Louis-Honoré Fréchette est un fils authentique de la région. Né à Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy le 16 novembre 1839, il fit des études primaires chez les Frères de l’Instruction Chrétienne de la Pointe-Lévy. Par la suite, trois institutions secondaires de qualité l’ont vu évoluer. Ce sont par ordre de fréquentation : le Séminaire de Québec (1854), le Collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière (1857) et le Séminaire de Nicolet (1859).
Après avoir entrepris des études de droit à l’Université Laval de 1860 à 1864, il se lança dans le journalisme en même temps qu’il entama la pratique du droit. Il essuya quelques déconvenues dans les deux cas et s’éclipsa du pays pendant cinq ans.
Rentré des États-Unis où il s’était exilé, Louis-Honoré Fréchette tenta sa chance en politique. Deux fois battu, en 1871 (aux élections provinciales et en 1872 aux élections fédérales), c’est en 1874 que la population de Lévis lui confia le mandat de la représenter à Ottawa. Ses autres tentatives en 1878 et en 1882 demeurèrent vaines.
Mais si l’homme politique connut quelques infortunes à cause probablement de son parti pris nationaliste et de son opposition à la Confédération, et si ses talents de journaliste tardèrent à retenir l’attention, le littéraire ou pour mieux dire le poète qu’il entretint avec soin dans son esprit et dans son âme se révéla dès son jeune âge à tout son entourage. C’est sous les réverbères que les nations ont coutume d’allumer seulement pour éclairer les plus grands patriotes et les enfants qui leur ont fait honneur que la silhouette de Louis-Honoré Fréchette s’élève mastodontique comme une ode de grand format dédiée au Canada français.
Il écrivit plusieurs oeuvres poétiques reconnues dont « La Voix d’un exilé » (1869), « Pêle-Mêle » (1877), « Fleurs boréales » et
« Oiseaux de neige » (1879), « Mes Loisirs » (1883), « Légende d’un peuple » (1887). Il fut l’auteur de plusieurs autres écrits parmi lesquels des drames. Mentionnons « Félix Poutré» (1862), « Papineau, le Retour de l’exilé, Originaux et détraqués » (1892)
« Veronica » (1899), « La Noël au Canada français » (1900).
Polémiste tumultueux et redouté, il s’est aussi révélé un conteur talentueux. « Décoré en France et en Angleterre, docteur honoris causa de quatre universités canadiennes et président de la Société Royale du Canada, il reste l’homme de lettres le plus honoré de son époque. »
Louis-Honoré Fréchette qui fut appelé poète national du Canada français reçut la consécration de l’Académie française pour l’excellence de ses deux recueils « Fleurs boréales » et « Oiseaux de neige ». Il devint selon ce qu’en dit Monique Duval « le premier lauréat canadien de l’illustre assemblée. »
Après tant de gloires, de tumultes, de combats et d’honneurs recueillis mais qui rejaillirent sur tout le peuple canadien-français, l’étoile s’éteignit brusquement le 31 mai 1908 sans avoir le temps d’affronter le phénomène du pâlissement ni de confronter les déboires du déclin. Aussi, demeurera-t-il à jamais au zénith du ciel canadien où sans doute planent les plus majestueux oiseaux de neige et où se glanent les plus magnifiques fleurs boréales.
Avec une carrière littéraire aussi richement meublée, un sentiment national aussi fort, un attachement à la famille aussi bien entretenu ; avec un tempérament aussi aguerri et un naturel aussi porté vers l’action qui sert à définir l’homme, tout l’honneur est à la Commission scolaire de s’être rangée sous le patronage de ce notable de grande culture de la cité de Lévis. Ceux qui l’ont proposé comme modèle à offrir aux générations montantes, doivent considérer qu’au moins une fois dans leur métier d’intervenant social, ils ont été bien inspirés.
Signalons que la maison natale de Louis Fréchette, sise au 229 rue Saint-Laurent à Lévis, a été déclarée monument historique et que dès le 1er juillet 1989 un timbre-poste sera émis en son honneur à l’occasion du tri cinquantenaire de sa naissance.
* Extrait du cahier-souvenir marquant le 25e anniversaire de la création de la Commission scolaire régionale Louis-Fréchette que l’on célébra en 1989